Ce 15 mai 2025, la Voix du Nord à publié un article étonnant sur la ville croate de Samobor. Celle-ci devient la première ville du pays à ….rémunérer les grands parents qui gardent leurs propre petits enfants ?
Ce dispositif inédit répond à un double enjeu : proposer une solution face au manque de places en crèche et répondre au besoin croissant de mode de garde.
Un modèle mêlant enjeux économiques, sociaux et familiaux, qui soulève de nombreuses questions : peut-on envisager une telle mesure en France ?
Un modèle croate entre solidarité familiale et réponse sociale
En instaurant cette rémunération pour les grands parents gardant leurs petits-enfants, la Croatie répond à deux défis majeurs : la précarité des retraités et le manque de places en crèches. Cette initiative vise à soutenir les 37% de retraités croates vivant actuellement dans une situation précaire.
En parallèle, le manque de places considérable en crèche laisse de nombreux enfants sans mode de garde adapté. Pour faire face à ces deux problématiques, la Croatie a récemment mis en place un système de garde innovant : les grands-parents gardant leurs petits-enfants moyennant une rémunération.
Cette innovation peut susciter de l’étonnement mais le gouvernement a mis en lumière des avantages à la fois économiques et sociaux. Ce nouveau mode de garde rémunéré permet de donner davantage de pouvoir d’achat aux retraités : un moyen de relancer l’économie du pays ralentie ces dernières années par le manque de consommation. Les avantages sociaux sont également nombreux. Garder leurs petits-enfants permet de créer du lien intergénérationnel tout en proposant un mode de garde sécurisé face à la pénurie de personnel.
Le modèle croate invite à s’interroger sur la situation française où le manque de personnel est au centre des préoccupations.
Un déficit de place en crèche
Alors que plus de 24% des enfants de plus de 6 mois sont gardés en crèche, près de 500 000 places manquent aujourd’hui pour accueillir les enfants de moins de trois ans dans ces structures, selon l’Insee.
En France, l’accueil en collectivité est très plébiscité, car celui ci représente 40% des solutions de garde souhaitées par les parents, mais seulement 24% d’entre eux y ont accès.

Source enquête barométrique 2021 – TMO Régions sur la demande de la CNAF
Malgré le plan d’action à cinq milliards d’euros annoncé par Elisabeth Borne, avec comme objectif de créer 200 000 places en crèche, les délais d’attente pour obtenir une place en crèche restent très longs. Cela est notamment dû au manque de professionnels dans le domaine de la petite enfance.
Un manque de personnel
D’ailleurs, faute de personnel, plus de 9500 places en crèche sont fermées dans les structures existantes. Ce manque de personnel ne va pas aller en s’arrangeant, étant donné que plus de 20 000 professionnels de la petite enfance seront à la retraite d’ici 2030, et ce n’est pas la création de nouveaux diplômes accessibles après le bac, qui pourront solutionner ce problème.
Des retraités dans la précarité
De nombreux retraités vivent dans une situation précaire. Environ 1 retraité sur 10 vit sous le seuil de pauvreté en France. La solidarité familiale représente 7% du mode de garde utilisé. Les grands parents, sont plutôt un mode de garde occasionnel, choisi par 2% des parents seulement. De plus, en France, on distingue une plus forte mobilité, les enfants habitent plus ou moins loin de leurs parents, rendant ce mode de garde difficile.
Mais en parallèle, de plus en plus de crèches mettent en place des projets intergénérationnels, afin de créer du lien entre les personnes âgées et les tous petits. 5 micro-crèches de notre réseau Les Petites Graines, sont en partenariats avec des EHPAD ou des résidences seniors.
Conclusion
Est ce que les grand parents peuvent passer d’un mode de garde solidaire à un mode de garde lucratif ? Et vous ? Seriez-vous prêt à confier vos enfants à leurs grand parents si ces derniers étaient rémunérés pour assurer leur garde ?
C’est une idée qui peut surprendre, voire diviser. Certains y trouveront une solution pragmatique et solidaire pour pallier au manque de places en crèche, en particulier dans les zones dite de « désert » de garde d’enfant. D’autres y verront une forme de recul, voire un danger pour la reconnaissance des métiers de la petite enfance et la qualité de l’accompagnement proposé aux tout-petits.
Pourtant, cette initiative pourrait répondre à plusieurs enjeux : soutien aux familles, lutte contre la précarité des retraités, et renforcement du lien intergénérationnel, un aspect souvent négligé dans les débats autour de la garde d’enfants.
Cependant, confier cette mission aux grands-parents ne pourrait devenir une norme sans une réflexion approfondie sur la qualité de l’encadrement, la sécurité des enfants et la reconnaissance du travail éducatif accompli par les professionnels de la petite enfance.
Alors, solution d’avenir ou retour en arrière ? Une chose est sûre : la question mérite d’être posée.

Colyne
Apprentie chargée de communication

Lucie
Stagiaire en communication

Valentine
Stagiaire en communication